

photo ci dessus :
https://monumentum.fr/monument-historique/pa00104374/garat-eglise-saint-pierre-aux-liens
- retouche@erge
Le tic-tac du
temps à Garat.

LA VALLEE DE L’ECHELLE
Revenons 80 millions d’années en arrière et imaginons….
La mer vient de se retirer plutôt brusquement. Elle s’est
éloignée vers des fosses abyssales qui viennent de se créer tout
là-bas, à l’ouest, du fait de la dérive des continents. Dans ce
milieu de sédiments carbonatés quelques Hippurites, Ammonites et
autres Rudistes se sont fait piéger par le retrait de la mer et
agonisent dans ce milieu boueux. Dans la succession des années
post évènementielles, ces zones s’assèchent peu à peu par
évaporation naturelle prenant une consistance plus ferme et
dense. Apparaissent alors les premiers végétaux et la surprise
vient de la présence d’arbrisseaux à fleurs puis à fruits. De
très nombreux Reptiles se mettent en chasse des quelques
Mammifères présents.
Quelques millions d’années plus tard, le sol de notre site s’est
bien consolidé car sous le tapis végétal les sédiments
carbonatés se sont transformés en roche calcaire par un
phénomène complexe de lapidification associant, entre autres
choses, des réactions chimiques, minéralogiques, biologiques.
Bien plus tard, mais vraiment plus tard, des scientifiques qui
s’occupent des choses de la Terre diront doctement que cet
espace de temps se nomme « Turonien » et, comme l’époque finit,
ils ajouteront « supérieur ». Pendant 15 millions d’années, les
cycles biologiques vont se succéder avec une lente évolution des
écosystème jusqu’à la catastrophe. Que s’est-il passé ?
L‘événement fut terrible et mondial mais vraiment mystérieux.
Les êtres vivants qui ont connu le phénomène ne lui ont pas
survécu et l’entièreté de certaines espèces tant animales que
végétales ont disparu. Les mieux préservées étant celles vivant
en milieu marin profond. Exit l’ère Secondaire.
Entrons dans l'ère Tertiaire.
Pendant 20 millions d’années des produits arrachés au socle
cristallin, (le Massif Central actuel), relativement proche de
notre région se concentrent et s’accumulent. L’eau de pluie
investit alors ces dépôts en les rendant plus facilement
mobilisables et les charrie lentement en grosses nappes.
Ces matériaux sableux ou graveleux, plus ou moins chargés
d’argile se déposent alors sur notre plateau calcaire. Et la
terre continue son évolution en particulier par le lent
déplacement des plaques continentales portées par le magma en
fusion. Celles-ci se choquent les unes aux autres et se
chevauchent ce qui se traduit au niveau de la croûte terrestre
par la surrection du massif pyrénéen en de nombreux soubresauts
pendant 20 millions d’années. Sous la poussée de ces mouvements
orogéniques la partie Nord du bassin Aquitain va se fracturer et
provoquer dans notre secteur des failles au travers des couches
préalablement en place. Ces failles vont toutes êtres
sensiblement parallèles et vont prendre les orientations Sud/Est
à Nord/Ouest.
Même si les points hauts de la commune de Garat sont situés en
ligne du partage des eaux entre la vallée des Eaux Claires et la
vallée de la Rochejoubert, la vallée de l'Echelle va
progressivement se former et mettre en déclive Est la majorité
du territoire de la commune de Garat.
Entrons dans l'aire quaternaire.
Les épisodes les plus remarquables sont les différentes
glaciations qui ont pour conséquence de faire éclater la roche
calcaire en détachant des blocs rocheux des flancs des vallons
et en altérant son substratum Sur notre continent, à la
glaciation de Wurm (75000 à 11000 ans a.v. J.C.) le climat y est
froid et humide, le niveau de la mer va bientôt s’abaisser,
(durant l’Aurignacien -25000ans son niveau baissera de 100
mètres) Dans ces conditions très rudes, la faune y est
nombreuse, rennes, mammouths, rhinocéros laineux, bœufs aurochs,
grand cerf, lions et ours des cavernes. La flore est
diversifiée, très peu d’arbres à part quelques pins et bouleaux,
graminées, bruyères dans les steppes. Conifères et saules nains
dominent.
Il faudra attendre de la fin de la période Wurmienne pour
retrouver des températures plus clémentes. A partir de 11000 ans
a.v. J.C. c’est la grande fonte avec la diminution des glaciers,
avec pour conséquence la remontée du niveau de la mer, un
développement de la forêt. De nombreux animaux vont disparaître.
L’eau d’infiltration circule au sein du massif calcaire selon
des cheminements préférentiels et dissout la roche sur son
passage pour former un réseau karstique qui débouche dans la
vallée à différents niveaux selon la résistance des horizons
calcaires Les vallées s’élargissent et s’approfondissent pour
atteindre sensiblement leurs dimensions actuelles.
Quid de la vallée de l'Echelle ? Il subit les contrecoups de
ces grands mouvements orogéniques en se fracturant (faille
géologique dite de l’Echelle) et en rendant possible le
basculement de certains secteurs Au contact de ceux-ci le rocher
calcaire est fracturé, les bancs sont discontinus. L’eau de
ruissellement profite de ces dépressions présentant une moindre
résistance pour y courir, commencer son travail de sape et
d’altération, transporter les premiers sédiments. Le chevelu des
ruisselets convergents génère ainsi la vallée.
Et l'homme dans tout ça !
Revenons en arrière. L’homme’ qui découvrira cette région est
déjà le résultat d’une longue évolution qui avait commencé voilà
5 millions d’année sur le continent Africain. Pour simplifier la
réflexion qui va suivre, la définition de l’homme doit être
prise au sens générique d’être humain. Nous avons été amenés à
trancher et simplifier les limites des périodes. Que les puriste
n’en prennent pas ombrage).
Après une lente et longue mutation l’homme de la préhistoire,
période de sa plus longue histoire, était passé du Paléolithique
au Néolithique. Au Paléolithique (-3 000 000 ans à –10 000 ans)
ce long parcours sur plusieurs millions d’années lui avaient
fait successivement découvrir ; les outils en pierre, la chasse,
la cueillette. les comportements symboliques (rites funéraires –
pensées symboliques) et au Néolithique (-10 000 ans à -3500 ans)
la sédentarisation, l’agriculture et enfin l’écriture. A la fin
de cette période vers -3500 ans, c’est la fin de la Préhistoire,
l’homme est devenu moderne.
C’est vraisemblablement vers -30 000 ans, dans ce décor que les
premiers hommes découvrent le site de la vallée de l’échelle.
A
quoi ressemble –t-il ?
Sur les points hauts, on trouve un couronnement de dépôts de
sables argileux, ici plus sableux, ailleurs plus argileux,
supportant sans doute une végétation silicicole telle que
bruyères et résineux. Au-dessous, se situe le plateau calcaire
en pente douce vers la vallée. Secteur aride où ne pousse que
des arbrisseaux calcicoles de type genévriers et autres arbustes
rabougris.
En contrebas c’est le flanc du vallon, souvent abrupte dont le
bas est encombré par les blocs de rochers éboulés par l’action
conjuguée de l’eau et du gel et aggravée par la poussée
consécutive au développement des racines des arbres. Enfin, le
fond du vallon où court l’Echelle et ses affluents s’y concentre
les sédiments apportés par ces derniers. Une végétation
arborescente s’y est particulièrement bien développée,
permettant l’installation de sous- bois humides et frais
propices à la mise en place de fougères et diverses graminées.
Leur cycle biologique et leur abondance ont apporté avec le
temps l’humus nécessaire à une foultitude d’autres végétaux, et
par voie de conséquence celle de nombreux animaux. L’homme, dans
cet environnement, il apprécie la clémence du climat sans excès
d’aucune sorte.
Sur ses bords, souvent à mi-hauteur, débouchent les galeries
karstiques. Dans ces abris naturels il va s’installer et se
fixer. Il s’y sent en sécurité, à l’abri de la pluie mais aussi
des crues du ruisseau. Cette eau, dont il tant besoin, est
partout, bruissante, claire, pérenne. Le gibier y est abondent,
les poissons aussi. Les jours particulièrement chauds, quand la
pierre à nu réverbère le rayonnement solaire, il se réfugie sous
le couvert végétal de la vallée.
Les premières traces d’occupation de l’homme dans la région
remontent au Moustérien (- 36 000 ans) sur le site de La Quina
et dans la vallée de la Tardoire. Garat n'est pas en marge avec
des occupation de surface comme l'important site de Villars,
mais également de façon plus parcellaire les sites du lieu dit
"le château" à Villars.
La vallée de l'Echelle étant relativement en pente douce sur la
commune de Garat, aucune brusque rupture de pente n'y est
repérable. De fait l'occupation Aurignacienne (- 30 000 ans) qui
préconise grottes et abris de falaise y semble absente.( ce qui
n'est pas le cas pour les vallées parallèle de l'Anguienne et La
Rochejoubert).
Il faudra attendre la fin des glaciations et la formations
détritiques pour voir apparaitre les occupations néolithiques
qui vont installer leur habitat sur les positions sommitales
comme les Hauts de Villars.
La préhistoire va s'achever dans cet environnement relativement
calme où petit à petit l'homme va s'y sédentariser.
Texte Guy Roger
-- la liste des entités archéologique de la commune pourra
donner une idée du maillage d'occupation durant certaines
périodes
La
dernière mise à jour du site
15/03/25
 |